• 27 septembre 1914

    27 septembre

    Les attaques se font violentes sur le front de l’Aisne, mais nous tenons.

    Attendons, donc, pour en regarder, que nous ayons du nouveau certain.

    Après-midi, Berthe, Robert et moi, nous allons par la rue de la Butte, tout le long, jusqu’au chemin du cimetière des Grouëts. Il fait chaud.

    Hélas ! Quels étranges gens que ces campagnards ! Ils sont - partout - dans les vignes, ils vendangent, « ils gaulent » les noix, ils cueillent les fruits ; là-bas, j’aperçois deux femmes grimpées dans un pommier, elles font la cueillette des pommes ; les hommes charrient des jales, du bois, des pommes de terre, etc.

    Tous travaillent, et c’est dimanche. Jour du seigneur ; jour du repos.

    Bien plus, tout à côté, tandis que ces gens, âpres au gain, ramassent, dans les champs, ce que le Bon Dieu veut bien leur donner, dans cette même paroisse des Grouëts, Notre-Seigneur est exposé sur l’autel, dans son sanctuaire désert, ou presque désert. Car aux Grouëts, ce même jour, c’est l’adoration perpétuelle !

    Quelle pitié peut-on avoir pour tous ces gens là qui méconnaissent ainsi les devoirs qu’ils ont à remplir vis-à-vis de Dieu !

    Notre-Seigneur est là, sur l’autel, dans l’éclat de toute la splendeur infinie, dans le rayonnement des lumières, des fleurs et des ors.

    La gentille église est très bien décorée de festons fleuris et de bannières.

    Nous entrons.

     

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    Blois.- Les Grouëts. La chapelle.- 6 Fi 18/734. AD41

     

    Le bon curé des Grouëts, un véritable saint, M. l’abbé Ferrier, est prosterné devant Le Maître ; M. l’abbé Launay, curé intérimaire de Chouzy, préside, assisté de M. l’abbé Laumônier, curé de Coulanges.

    M. l’abbé Gaulendeau - qui vient de s’engager et attend son ordre pour partir - prononce un de ses premiers sermons. Sermon très personnel et très littéraire. L’abbé Gaulendeau nous réserve - pour l’avenir - un orateur de marque.

    Nous revenons par les quais de la Loire et nous sommes à Blois avec le jour à son déclin.